L'Université Yale proposera un cours sur Bad Bunny

Dès l'automne 2025

ACTUALITÉS

Brdn R.

4/30/2025

Le reggaeton, phénomène musical mondial, s’invite dans les amphithéâtres de l’élite académique. Dès septembre 2025, l’Université de Yale proposera un cours novateur intitulé « Bad Bunny : Esthétique musicale et politique ». Dirigé par le professeur associé Albert Laguna, ce programme décortiquera l’impact de Bad Bunny, icône portoricaine, en explorant comment sa musique incarne les luttes coloniales, l’identité de la diaspora et les dynamiques politiques des Caraïbes.

L’idée du cours a germé dans l’esprit de Laguna alors qu’il écoutait DeBí TiRAR MáS FOToS, l’album qu’il considère comme le plus ancré dans l’identité portoricaine de Bad Bunny. En se promenant à La Nouvelle-Orléans, où les influences caribéennes vibrent, le professeur a été captivé par la richesse des textes et des sonorités. « Cet album est une porte d’entrée vers des questions profondes : migration, mémoire culturelle, résistance au colonialisme », explique-t-il.

Le cours ne se limitera pas à analyser les paroles. Il plongera dans les genres qui nourrissent l’œuvre de Bad Bunny – bomba, plena, salsa et reggaeton – pour révéler comment ils portent les récits d’une communauté marquée par l’histoire. DeBí TiRAR MáS FOToS servira de socle pour aborder des thèmes comme la gentrification, les impacts du tourisme et les défis actuels de Porto Rico.

Bad Bunny, une voix pour la diaspora

À 31 ans, Benito Antonio Martínez Ocasio, alias Bad Bunny, est bien plus qu’une superstar. Aux côtés de figures comme Beyoncé, il est l’un des rares artistes vivants à inspirer des cours universitaires. Wellesley College, Loyola Marymount University et le projet en ligne The Bad Bunny Syllabus ont déjà exploré son influence. À Yale, le cours de Laguna a suscité un vif intérêt : avec seulement 18 places, près d’une centaine d’étudiants ont tenté de s’inscrire, et des diplômés portoricains ont applaudi l’initiative. « Sa musique parle de nous, de notre histoire », confie Juli Martinez, une étudiante qui cite Bad Bunny comme une influence majeure.

Longtemps réduit à un genre festif ou critiqué pour ses stéréotypes, le reggaeton gagne ses lettres de noblesse. Bad Bunny, en défiant les normes de la masculinité et en abordant des sujets comme la violence policière ou l’héritage colonial, a transformé le genre en plateforme d’expression politique. « Le reggaeton est indissociable des forces historiques qui ont façonné Porto Rico », souligne Laguna. Des chansons comme « Nuevayol », qui intègre des samples de salsa portoricaine, tissent un pont entre passé migratoire et combats contemporains.

Le reggaeton n'est plus seulement une musique pour danser ; il devient un sujet d'étude, un vecteur de réflexion sur notre société. Avec des artistes comme Bad Bunny, le genre continue de repousser les frontières et de s'imposer comme une force culturelle majeure.